jeudi 19 août 2010

VOILE-AVIRON : Le concept

Certains se posent peut-être la question : Voile/aviron, c'est quoi ? Je citerai quelques auteurs qui mieux que moi définiront ce concept :

Avant que les temps modernes ne viennent tout bouleverser, toutes les petites embarcations,
qu'elles soient de pêche, de service ou de plaisance, étaient propulsées à la voile ou à l'aviron. En fait, les deux coexistaient car un voilier a toujours besoin d'un moyen de se déplacer quand le vent manque et un canot à l'aviron, sauf en eaux restreintes et abritées, ne résiste pas à la facilité de se faire aider du vent !

Progressivement, tout au long du 20e siècle, les embarcations traditionnelles vont évoluer. A la pêche, c'est le moteur qui devient roi. Les non professionnels vont opter pour le pêche-promenade associant voile et moteur. Le régatier va créer le dériveur léger ou le quillard de régate et, plus tard, le catamaran et la planche à voile. Quant à l'aviron pur, il va donner naissance à des engins aussi performants que peu marins.

Le point commun de toutes ces évolutions, outre le recours à des matériaux modernes comme le polyester, c'est une spécialisation de plus en plus forte de chaque bateau à un usage spécifique, alors que le canot traditionnel était au contraire très polyvalent, tout en présentant une extrême variété représentant les traditions locales, les conditions de mer et d'abri de son lieu d'origine.
C'est dans ce contexte que quelques passionnés, associant pratique de la voile, curiosité pour notre patrimoine maritime et une certaine insatisfaction vis à vis d'une plaisance qui devient un loisir de masse, vont inventer le voile/aviron.

Ils inventent aussi le mot "voile/aviron" comme le principe d'un "naviguer autrement" sur des bateaux qui vont permettre de redécouvrir ce que les voiliers modernes ne proposent plus ou mal : naviguer dans un bateau creux où le panier de pique-nique trouve bien sa place, trouver le plaisir de la nage à l'aviron, silencieuse, en mer ou dans une rivière à marée.

Le voile/aviron, même s'il s'inspire d'une tradition, sait aussi s'insérer dans notre société d'aujourd'hui. Plus léger, par les méthodes modernes de construction qui ne renient pas nécessairement le bois, facile à transporter sur remorque et à mettre à l'eau, il s'affranchit des infrastructures portuaires et du bétonnage du littoral. De petite taille, il se prête particulièrement bien à la construction individuelle dans un garage et constitue même une merveilleuse façon d'exercer ses talents de bricoleur. Il a d'ailleurs été souvent choisi par des établissements scolaires ou des associations dans un but pédagogique.

On réserve maintenant le terme voile/aviron aux bateaux pour lesquels l'aviron est un vrai mode de propulsion alternatif à la voile, et permettant de se passer de toute motorisation.

François VIVIER architecte naval

La navigation voile/aviron est depuis quelques années en plein renouveau car elle permet de faire vivre et transmettre un patrimoine maritime extrêmement riche. Les nouvelles technologies du bois ont permis la conception et la construction, souvent par des amateurs néophytes mais passionnés, de nombreux modèles de canots voile-aviron inspirés des formes et gréements de canots traditionnels et dont ils ont hérité les qualités marines tout en bénéficiant d’améliorations importantes, dans le domaine des performances et de l’entretien en particulier. D'autres, plus ambitieux, ont entrepris de sauver les derniers exemplaires, ou de reconstruire à l'identique ces fameux canots, doris, pinassotes, baleinières, chaloupes, bettes, barquettes et pointus qui animaient nos ports et nos côtes.

La navigation voile/aviron est une navigation silencieuse, non polluante, respectueuse du milieu marin ou fluvial. Economique, frugale, écologique, sportive, indépendante des infrastructures, la pratique voile aviron touche toutes les classes sociales, dans toute la France, sur le littoral, sur les fleuves et rivières, les plans d'eau intérieurs. Le bateau voile/aviron n’est pas un bateau que l’on achète. C’est un bateau que l’on construit ou fait construire- selon des règles précises issues d'une longue tradition de charpenterie de marine, que l’on personnalise et sur lequel on navigue autrement.


Le concept de randonnée nautique en canot voile/aviron.
Une navigation sans contrainte. Un après-midi libre ? Un rayon de soleil ? Le bateau sur sa remorque est vite attelé à la voiture, mis à l'eau, gréé, et vous offre aussitôt quelques heures de bonheur et de liberté en toutes saisons.
L'hiver, par exemple, quand ne règnent sur l'eau que froidure, grisaille et immobilité, quel plaisir d'empoigner une paire de bons avirons ! Très vite on se réchauffe, très vite l'esprit s'apaise dans le doux balancement des coups d'avirons.
On comprend vite que le nombre d'heures d'utilisation annuelle d'un canot puisse dépasser celui d'un croiseur quelconque abandonné dans une marina onze mois et demi sur douze.

Particularités de la randonnée en canot ouvert
Habitués de la croisière en voilier habitable, oubliez tout ! Ce genre de navigation est fondé sur d'autres valeurs et d'autres repères...
· Naviguer avec RIEN : le matériel devra pouvoir rentrer dans des bidons et des sacs étanches. Pour l'agrément de la navigation, il faut éviter que le canot soit encombré de tout un fourbi surabondant. Limitez-vous au strict nécessaire.
· Faire escale là où il n'y a pas de port : la moindre grève plus ou moins abritée est accessible à un canot. Le nombre d'escales possibles en est démultiplié.
· Aller partout ! Et surtout là où personne ne va pour des raisons de manque de tirant d'eau, de manque d'infrastructures portuaires, etc. Vous y trouverez le calme absolu et vous y ferez des rencontres inconcevables ailleurs.
· Ne pas donner nécessairement la primauté à la navigation à la voile. Savoir utiliser aussi les avirons, la godille, les pagaies, la perche, le halage... et poser comme principe qu'avec un peu de sens marin, le recours à un moteur est totalement superflu.
· Vivre en contact avec la nature, oublier un certain type de confort, revenir aux choses simples (plus facile en été qu'en hiver !).

Et surtout, sur ces frêles esquifs, savoir anticiper les situations, intégrer que les capacités nautiques de ce genre de bateau sont nécessairement limitées, que l'on sera sur l'eau toujours plus lent que les autres, et que le mauvais temps arrivera toujours plus vite.


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